La mine d'or de Kyon fermée jusqu’à nouvel ordre
Kyon
La mine d'or fermée jusqu’à nouvel ordre
Les autorités provinciales du Sanguié ont, sur instruction du gouverneur de la région du Centre-Ouest, Baworo Seydou Sanou, fermé le 20 février 2008 le site aurifère de Epara 2, dans la commune rurale de Kyon.
Cette décision fait suite aux éboulements suivis de morts d’hommes sur ledit site les 31 janvier et 7 février 2008, aux difficultés d’organisation des orpailleurs, notamment la mise en place du comptoir qui n’a pas rencontré l’assentiment de tous. Le 20 février, le haut-commissaire du Sanguié, Kikan Ernest Soulama, à la tête d'une mission, a tenu à porter à la connaissance des orpailleurs la mesure prise et le contenu des textes en vigueur en matière de commercialisation de l’or au Burkina Faso. "Nous sommes venus fermer le site sur instruction du gouverneur. Tout contrevenant s’expose aux sanctions prévues par les textes en vigueur, notamment les articles 3, 5 et 19 de la loi n° 042-2004/ AN du 16 novembre 2004 portant répression de la fraude en matière de commercialisation de l’or au Burkina Faso", a dit le haut-commissaire. Pour rappel, l’article 3 dispose que quiconque aura acheté ou tenté d’acheter, vendu ou tenté de vendre, échangé ou tenté d’échanger de l’or en violation des dispositions de la réglementation sur la commercialisation de l’or au Burkina Faso ou se sera livré à ces activités en vertu d’un agrément périmé ou non valide sera puni d’un emprisonnement d’un an au moins et de cinq ans au plus et d’une amende égale au double de la valeur de l’objet du délit ou de l’une de ces deux peines seulement. L’auteur de la violation des dispositions de la réglementation sur la commercialisation de l’or s’expose à une peine complémentaire de retrait de permis, d’autorisation ou d’agrément. L’article 5 stipule ceci : « Sont passibles des mêmes peines que les auteurs de l’infraction, ceux qui auront sciemment couvert les agissements des fraudeurs ou tenté de leur apporter aide et assistance. » Les orpailleurs ont accueilli cette mesure avec beaucoup de désarroi car, pour certains, le rêve de la fortune venait ainsi de prendre fin. Bien qu’ils aient perdu deux des leurs en l’espace d’une semaine, les explorateurs d'abîmes à la recherche du métal précieux ne se souciaient guère des conséquences liées à l’extraction de l’or. En témoignent les profonds trous, sortes de labyrinthes, dans lesquels ils continuaient d'opérer. L’opération a consisté en la fermeture du site d’exploitation et la destruction des hangars du yaar (marché) où les orpailleurs se récréaient et où se déroulaient des pratiques de tout genre dont la prostitution, la vente de produits dopants… Cette mesure de fermeture intervient seulement à un peu plus d’un mois du démarrage des activités d’exploitation de la mine. Mais elle est à saluer car elle permettra de résorber un tant soit peu l’insécurité qui se développait dans la localité. Et comme on le dit : « Mieux vaut pécher par excès de prudence que par excès d’indifférence.»
Dabadi ZOUMBARA
Le Pays du 25 février 2008
ENCADRE
Des citoyens apprécient
Après la fermeture de la mine, nous avons tendu notre micro à quelques personnes.
Kikan Ernest Soulama, haut-commissaire du Sanguié : "Nous avons essayé de faire comprendre à la population que dans le domaine de l’exploitation de l’or, il y avait une réglementation en vigueur mais cette population n’a pas voulu entendre raison. Il y a déjà eu deux éboulements avec mort d’hommes et nous avons donc jugé impérieux de fermer le site en attendant que la loi puisse être respectée. Il y aura sans doute une permanence de la police sur le site pendant quelques jours. Après cela, des contrôles inopinés seront opérés et tout contrevenant s’expose aux sanctions prévues par la loi."
Dieudonné Ouattara directeur provincial de la police nationale du Sanguié : "Vu tout ce qui s’est passé sur le site de Kyon, il était nécessaire pour les autorités de prendre certaines mesures et c’est ce qui vient d’être fait. Nous avons mobilisé des éléments au niveau de la région pour pouvoir effectuer le travail. Maintenant que c’est fait, nous allons prendre des dispositions qui consistent à envoyer une équipe sur place pour le respect de la mesure jusqu’à un certain temps. Si on constate que tout est en ordre, on pourra se retirer mais pour le moment, le dispositif demeurera sur place."
Koffi Alain Bationo, membre du Comité villageois de développement : "La fermeture du site est une bonne chose. Les gens ne respectent pas l’intervalle entre les trous. C’est ce qui a causé la mort de deux orpailleurs. Nous veillerons à ce que les orpailleurs comprennent la décision de la fermeture et la respectent. Il y va de l’intérêt de tous. Il y a lieu, en ce qui nous concerne, de sensibiliser davantage les uns et les autres avec l’appui des chefs coutumiers pour lever toute équivoque afin de permettre la réouverture du site. Cela éviterait, en effet, l’anarchie de l’exploitation artisanale qui, d’ailleurs, dégrade considérablement l’environnement."
A découvrir aussi
- Ça, ce n’est pas une bonne affaire
- Fraudes au BEPC : 1 requin et 54 alevins pris dans le Kadiogo
- Saboteur refuse le pardon de Lassina Traoré
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1021 autres membres