Lutte contre la corruption
Le dernier rapport de Malobaly Traoré
Le Premier ministre, Tertius Zongo, a reçu le mardi 3 juin dernier le rapport d'activités 2007 de la Haute autorité de coordination de la lutte contre la corruption (HACLC). Le document remis par Malobaly Alphonse Traoré, président de la HACLC, fait le point des activités menées par la structure en 2007, et rend compte de l'exploitation faite des rapports de contrôle de l'Inspection générale d'Etat et de l'Inspection générale des finances.
Le rapport d'activités 2007 de la Haute autorité de coordination de la lutte contre la corruption est le 5e du genre depuis la création de cette structure, et le 2e présenté par l'équipe installée en décembre 2006 et conduite par Malobaly Alphonse Traoré. Mais ce sera le dernier rapport de la HACLC qui, en même temps que l'Inspection générale des finances et l'Inspection générale d'Etat, va disparaître dans le cadre de la restructuration des organes de contrôle et de lutte contre la corruption qui doit aboutir à la naissance de l'Autorité supérieure de contrôle d'Etat (ASCE).
Mais avant d'en arriver là, et conformément à l'article 12 de l'arrêté N°2003-009/MP du 8 août 2003, portant organisation et fonctionnement de la HACLC, le président Malobaly Alphonse Traoré et les siens sont allés remettre à Tertius Zongo le rapport 2007 des activités de la Haute autorité. Un rapport qui fait état d'une allocation budgétaire de 135 073 000 FCFA dont 89 millions ont été débloqués et 79 243 272 FCFA ont été utilisés dans le fonctionnement de la structure. Le document remis au Premier ministre rend également compte, d'une part, de la campagne de communication et d'autre part, de la formation des acteurs concourant à l'éradication du phénomène de la corruption. Il est par ailleurs question de l'exploitation des rapports de contrôle de l'Inspection générale d'Etat et de l'Inspection générale des finances pour la période de 2003 à 2006. A ce niveau, 15 dossiers ont, dans un premier temps, retenu l'attention de la HACLC pour des présomptions de corruption et autres malversations financières portant sur un montant cumulé de 22 milliards 807 millions 994 mille 713 F CFA. Dans un second temps, 13 autres dossiers de "malversations de moindre importance" d'un montant cumulé de 160 millions 267 mille 619 F CFA et 49 dossiers "ne comportant que des dysfonctionnements" ont fait l'objet d'un rapport complémentaire annexé au rapport d'activités 2007 de la HACLC.
Une enquête est ouverte
Après réception du rapport, le Premier ministre a rappelé que le Burkina, en même temps que d'autres nations, a fait de la culture de la bonne gouvernance, une priorité dans la lutte contre la pauvreté. D'où la lutte "sans réserve" contre la corruption engagée depuis 1998 dans le cadre du vaste programme de réforme de l'administration publique, et marquée en 2001, par la création de la HACLC. Tertius Zongo a par ailleurs indiqué que la création de l'Autorité supérieure de contrôle d'Etat, en remplacement des différents organes étatiques de contrôle et de lutte contre la corruption, répondait au besoin de prendre en compte les préoccupations exprimées par les différentes parties prenantes dans la lutte. Il a alors réaffirmé sa détermination à soutenir et à renforcer l'action de cette nouvelle structure "afin qu'elle poursuive la lutte engagée par ses devancières, pour l'objectif général de la politique nationale de lutte contre la corruption (...), c'est-à-dire garantir le niveau de tolérance zéro". Le chef du gouvernement a aussi rassuré que toutes les structures et personnes mises en cause dans les 15 dossiers qui lui ont été transmis en décembre 2007, ont été interpellées et que l'enquête sur les malversations commises se poursuit au niveau de l'Inspection générale d'Etat et de la justice.
Le président de la HACLC a reconnu, lors du point de presse qui a suivi la remise du rapport, que le contexte d'évolution de sa structure n'avait pas été toujours favorable. De même, a-t-il poursuivi, "les différents rapports depuis 2003 ont toujours recommandé l'instauration d'une synergie efficace entre les structures de contrôle". C'est en cela qu'il a lui-même salué la création de l'Autorité supérieure du contrôle d'Etat, qui, d'après lui, devrait réduire les critiques et les suspicions envers les structures de contrôle. Malobaly Alphonse Traoré a par ailleurs rappelé 3 prérogatives particulières accordées, à la structure en gestation: elle sera dotée d'un fonds autonome pour son fonctionnement; elle pourra publier son rapport et enfin, elle pourra directement saisir la justice.
Paul-Miki ROAMBA
Le Pays du 4 juin 2008