L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Le dolo et le porc au four dans une ambiance musicale à Réo et à Koudougou

Tango-tango à Réo et Koudougou

Le dolo et le porc au four dans une ambiance musicale

C’est au cours d’un de nos passages à Rèo dans la province du Sanguié, que nous sommes tombés dans une ambiance féérique. Le soleil était au zénith, et certains dansaient pendant que d’autres buvaient et mangeaient sous un rythme bien cadencé. C’est le tango-tango, la nouvelle trouvaille des dolotières (vendeuses de bière de mil). Importé depuis le Boulkièmdé en début d’année 2007, nous a-t-on fait comprendre, le tango- tango a gagné de la place au sein des dolotières et consommateurs de Rèo. Désormais, il faut compter avec cette donne si l’on veut bien vendre son dolo. Pour en savoir davantage sur le tango- tango et son origine, nous avons rencontré certaines dolotières et certains consommateurs de dolo à Koudougou et à Rèo. Pour Odette Kantiono, dolotière à Rèo, ce phénomène devenu une mode, a été importé du Boulkièmdé par une dolotière de Rèo en janvier 2007. Selon elle, l’organisation du tango-tango dans les cabarets permet de bien vendre le dolo parce qu’il mobilise de nombreuses personnes de couches sociales diverses. Jeunes, femmes et vieux, chacun y trouve son compte. Les mets traditionnels tels que le yaminé, le tô de haricot, le gonré, sans oublier le porc au four, y sont très prisés. Le choix des morceaux musicaux est laissé aux animateurs qui font feu de tout bois. Toutes les sonorités musicales du moment et du passé sont proposées aux clients de la bière de mil. C’est ainsi que certains, après avoir consommé quelques calebassées de dolo, n’hésitent pas à esquisser des pas de danse. "On vendait le dolo au marché mais depuis un certains temps , le maire de la commune de Réo a interdit cela, et chacun a regagné son domicile, donc le dolo ne marche plus", déclare Mme Kantiono. Elle a aussi relevé qu’à l’heure actuelle, l’organisation du tango–tango s’avère nécessaire pour la mobilisation de la clientèle. Car de par la diversité alimentaire et musicale qu’il offre, le tango-tango intéresse plus d’un. Mme Kantiono a par ailleurs indiqué que si le tango-tango permet d’avoir une bonne clientèle, il est à savoir que son organisation nécessite beaucoup de frais. Car il faut payer une somme de 6 000 F CFA pour l’autorisation communale, 2 000 ou 3 000 F CFA pour les frais d’électricité et plus de 5 000 F CFA pour les frais d’animation.

Après toutes ces dépenses, le bénéfice net dégagé est vite absorbé par les dépenses familiales dont la scolarisation des enfants et diverses dépenses, a-t-elle fait savoir. Comptant plus de 17 ans dans le commerce du dolo, Mme Odette Kantiono, a fait savoir que dans cette activité elle rencontre beaucoup de difficultés : manque de sommeil, coût élevé du bois, de l’eau, etc.. C’est ainsi que la dolotière Kantiono a souhaité que soient réduits les frais d’autorisation pour l’organisation du tango–tango. Dans ces cabarets modernisés, les conversations vont bon train. L’actualité nationale et internationale est scrutée avec un œil de connaisseur. Si les dolotières louent cette mode, les consommateurs ne disent pas le contraire. Pour Rosalie N’Po, le tango- tango cultive la solidarité car le dolo est partagé entre consommateurs dans une ambiance bon enfant. Et la voilà qui esquisse quelques pas de danse, calebasse en main. "Le tango- tango ne distingue pas les gens ; tout le monde est le bienvenu", soutient-elle, avant d’ajouter que "si le tango-tango n’existait pas, il fallait le créer."

Etienne Bamouni, un consommateur estime aussi que le tango- tango est une belle trouvaille parce qu’il permet aux gens de se retrouver et partager ce dont ils disposent avec leurs semblables. "Le tango – tango valorise les mets traditionnels," dira t-il, en ajoutant que "même des relations se tissent au cours du tango–tango, sans oublier les retrouvailles qui se font." Employé au CRPA de Rèo, M. Bamouni a confié que le tango – tango bat généralement son plein entre 16 h et 18 h parce qu’en ces moments il fait moins chaud.

A Koudougou

Au niveau de Koudougou, c’est également autour de ces mêmes heures que la clientèle est très forte. Pour Claudine Zongo née Zoma, dolotière depuis 18 ans et initiatrice du concept tango-tango à Koudougou, ce phénomène de mode trouve son origine depuis Bobo Dioulasso. L’initiative lui a été suggérée par une de ces amies dolotières de Bobo en 2003. C’est à partir de cette date donc, dit-elle, que le tango- tango a été introduit à Koudougou. Selon Mme Zongo, ce concept s’appelait à l'origine "dassandaga" (kermesse).

Il a été rebaptisé tango-tango par le biais de la musique ivoiro-burkinabè. "Au départ, je louais du matériel de sonorisation à raison de (10 000 F CFA) mais, aujourd’hui, j’ai mon propre matériel de sono a-t-elle dit. Mme Zongo a confié qu’au début, le tango- tango rapportait beaucoup d’argent mais qu’aujourd’hui, cela n’est plus le cas parce que toutes les dolotières l’organisent. Elle a donc initié une nouvelle technique de vente, la promotion-vente ,qui consiste à offrir un litre de dolo après l’achat de deux litres. Comme inconvénients, Mme Zongo a indiqué que certains clients mal intentionnés n’hésitent pas à partir sans payer leurs additions. D’autres, quant à eux, créent la bagarre dont la gestion est souvent difficile. Mais elle a fait savoir que jusque-là, il n’y a pas eu une bagarre qui a entraîné une perte en vie humaine. La seule difficulté majeure à laquelle elle fait face est le paiement de taxes communales qu’elle juge très élevées. Parce qu’en plus de la taxe de l’occupation du domaine public, qu’elle paye à raison de 30 000 F CFA l’an, elle doit aussi verser des frais pour le permis de dépôt de son bois et 6 000 F pour l’organisation de tango-tango pour les deux jours du week-end. Mme Zongo, a surtout souhaité qu’à défaut de réduire le montant des taxes, qu’il ne soit pas revus à la hausse. Car si cela arrivait, il serait difficile pour les dolotières qu’elles sont, de pouvoir poursuivre leurs activités. Elle a cependant remercié la municipalité qui a permis de règlementer les heures d’animation qui créaient pas mal de problèmes avec les voisinages. Dans le cabaret de Mme Zongo, le prix de litre de dolo varie selon la qualité de la boisson : le plus fort appelé "le premier sec" est vendu à 200 F le litre. Dans ce même cabaret, on vend toutes sortes de mets traditionnels. Au Boulkiendé c’est le même constat qu’au Sanguié : le tango-tango est apprécié des clients et consommateurs. "Après le travail on doit se distraire" et le tango-tango est un lieu privilégié pour cela", déclare Ludovic Zoma, calebasse à la main . Pour ce dernier, le tango-tango permet d’oublier un tant soi peu les soucis. C’est un lieu d’échange d’idées, a-t-il ajouté.

Pour notre part, il serait souhaitable que cette activité de récréation ne prenne pas le dessus sur les activités professionnelles qui permettent de gagner le pain quotidien. En plus, l’autorité devra veiller à la sécurité des populations lors de ces tango-tango car certains se plaignent de cas de vol dans leur quartier à ces moments précis. De même, très souvent les lieux de consommation d'alcool sont également des endroits où se développe. L’excès de l’alcool crée toutes sortes de mauvaises pratiques dont la prostitution… Toute chose qui déshonore et expose les populations tant jeunes qu’âgées.

Dabadi ZOUMBARA

Le Pays du 28 juin 2007



28/06/2007
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