L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Le gardien qui ne voulait pas mourir seul

Assises criminelles

Le gardien qui ne voulait pas mourir seul

Trois ans avec sursis. Kalifa Soré, gardien de son état à la gare routière de Tampouy, l'a échappé belle. Le verdict de la chambre criminelle, présidée par la juge Brigitte Ouédraogo, a été accueilli avec un grand soulagement dans la salle d'audience où il n'y a avait que les témoins de l'affaire. L'homme qui ne voulait pas mourir seul n'ira pas en prison.

Poursuivi pour homicide volontaire sur la personne de Arouna Kaboré, l'accusé Kalifa Soré risquait un minimum de 10 ans de prison. Avec cette condamnation à trois ans avec sursis, il fait figure de rescapé. Devant la cour, il a expliqué le pourquoi de son acte. Il a reçu un coup de couteau de la victime. Croyant que c'était la fin pour lui, il n'a pas voulu mourir seul.

En février 1999, ce vigile qui était chargé de la sécurité à la gare routière de Tampouy a une altercation avec la victime. Il avait pour mission, selon lui, d'empêcher les badauds de s'approcher pendant les débarquements des passagers. Celle-ci le poignarde et tente de s'enfuir. Blessé, le gardien rattrape son agresseur dans sa fuite et le poignarde à plusieurs reprises à son tour. Les deux finiront à l'hôpital où la victime succombera à ses blessures. L'accusé, à qui l'on a lu les faits qui lui étaient reprochés, ne les a pas niés. Il a seulement précisé qu'il n'avait pas tué expres.

La cour a voulu en savoir davantage sur les circonstances du drame. Kalifa a expliqué qu'il avait repéré la victime qui tentait de piquer un sac lors d'un débarquement. Il l'en a dissuadé. Un fait nouveau, lui rappelle la présidente de la Cour. Car dans aucune de ses déclarations précédentes, il n'avait mentionné cela. L'accusé soutient cependant que c'est ce qu'il a constaté. Le comportement de la victime était suspect. Une seconde fois, la victime est revenue tenant des pantalons qu'elle proposait à la vente aux passagers. Il eut encore des échanges verbaux avec Arouna pour l'amener à quitter la gare. C'est au troisième contact avec la victime que tout est parti. Quand Kalifa a tapé l'épaule de la victime pour l'amener à quitter la gare, il reçut un coup de couteau au flan. S'étant rendu compte après qu'il avait effectivement reçu un coup de couteau et qu'il saignait, il engagea une course poursuite avec son agresseur. Il le rattrapa hors de la gare et lui assena à son tour plusieurs coups de couteau dans la lutte qui s'ensuivit.

Le juge a voulu savoir pourquoi tant de coups de couteau. L'accusé ne put donner une réponse précise. Trois au moins, lança-t-il, hésitant. La cour a voulu comprendre l'acharnement de l'accusé sur la victime. Celui-ci explique qu'à la vue du sang et de la blesssure, il a cru que s'en était fini pour lui, il a donc voulu faire payer à son agresseur, ne voulant pas mourir seul.

Quatre témoins sur six prévus ont défilé à la barre. Sur les quatre, seuls deux ont vu le gardien poursuivre Arouna.

L'avocat général dans ses réquisitions a rappelé que l'accusé ne contestait pas les faits. Il a relevé des circonstances atténuantes en expliquant que l'accusé était sur son lieu de travail où il était chargé de la sécurité et qu'il avait d'abord été attaqué par la victime. Enfin lorsque l'accusé a agressé la victime, celle-ci tenait toujours son couteau. La mort est survenue à l'hôpital où l'accusé était également admis.

Dans sa plaidoirie en faveur de son client, Me Madi Sawadogo a salué les réquisitions de l'avocat général qui tendaient à tenir compte des circonstances atténuantes. Il a abondé dans le même sens. Son client était désespéré à la vue du sang et ne croyait pas survivre. Il a demandé des circonstances atténuantes au jury. Le jury, dans sa délibération, a estimé qu'il y a avait homicide volontaire mais avec des circonstances atténuantes . Le jury a répondu également à une question subsidiaire à savoir s'il y avait "excuse atténuante". A cette question, le jury a répondu par l'affirmative. Après délibération, Kalifa Soré a écopé de 3 ans avec sursis. L'homme était en liberté provisoire avant sa comparution.

Abdoulaye TAO

Le Pays du 4 avril 2008



04/04/2008
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