Le mémorandum des refondateurs du CDP
CDP
Le mémorandum des refondateurs
Après leur mémorable sortie médiatique d’avril, les refondateurs du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), représentés par Pierre Joseph Tapsoba, Oubkiri Marc Yao, Moussa Boly, Emile René Kaboré, R. Mathieu Ouédraogo et Amadé Taho, reviennent à la charge à travers le mémorandum que nous vous proposons ci-après.
Selon leurs signataires, le parti majoritaire est souffrant, et leur diagnostic permet, comme on le lira, de situer les racines et les propagateurs du mal.
En février 1996, à l’initiative de Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, Président du Faso, naissait le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti politique issu de la fusion de plusieurs autres.
Pourtant, tout semblait les différencier, voire les opposer : • Un exemple : l’Organisation pour la démocratie et le progrès/Mouvement du Travail (ODP/MT) avait fait élire son candidat à
Par contre,
Et c’est sans conteste à partir de là que notre démocratie, très agitée, et les affrontements CFD/ARDC sont encore vivaces dans toutes les mémoires..., c’est à partir de là, disons-nous, que notre démocratie a commencé à s’apaiser, évitant à notre pays la poursuite de troubles aux conséquences imprévisibles.
La douleur de la naissance du CDP, qu’auraient pu justifier les renoncements idéologiques pour certains ou le partage du pouvoir pour d’autres, a été considérablement atténuée par le consensus qui a prévalu. Partout et à tous les niveaux, tous les organes et structures du parti ont été mis en place sur cette base. On peut affirmer que c’est à partir de ce moment qu’un engagement fort a été pris dans le sens de l’approfondissement de la démocratie. Fort de l’expérience de chacune de ses composantes, conscient de son rôle important de parti au pouvoir, soucieux d’être un véritable instrument d’avant- garde et de soutien à Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, Président du Faso, le CDP a pris d’importantes décisions à son congrès constitutif : • mise en place d’une commission de contrôle chargée du respect de la ligne, de l’exécution des décisions et du règlement des conflits ; • mise en place de commissions spécialisées. Permanentes, elles avaient un rôle de veille et d’avant-garde intellectuelles et devaient entretenir constamment non seulement une réflexion sur les sujets du moment, mais aussi une réflexion anticipatrice qui permette une approche prospective indispensable à la gestion du pouvoir (gouverner, c’est prévoir).
C’était là assurément quelques-unes des bonnes intentions et des bonnes décisions de notre grand parti, qui entendait se donner les moyens d’une formation politique moderne, bien assise dans la réalité de notre pays, forte de l’expérience plurielle de ses différentes composantes et résolument projetée vers le progrès. L’objectif était clair : le Progrès, par et dans la démocratie.
Aujourd’hui, après une douzaine d’années d’existence, il est légitimement permis, sans prétendre faire un bilan exhaustif, de se poser des questions sur l’état de santé du CDP. Nous avons remporté de nombreux et grands combats électoraux : toutes les présidentielles, toutes les législatives et toutes les municipales. Nous en sommes légitimement fiers, car cela est aussi le résultat d’objectifs que notre grand parti s’était fixé.
Mais laissons volontairement cela de côté, car précisément « l’arbre ne doit pas cacher la forêt ». Restons un instant sur le fonctionnement et la vie du parti : une grande majorité des militants s’accorde pour dire que quelque chose ne va pas dans le parti. Certains semblent en avoir une vague conscience, d’autres sont plus précis mais dans l’ensemble tous évoquent un malaise.
Quelques-uns des signataires du présent mémorandum ont, par deux lois (en 2000 et en 2005), déjà exprimé au Président du parti, par écrit, leurs inquiétudes sur la déclivité dangereuse que prenait la vie du parti. Sans suite. Alors, constatons et tirons les conclusions.
I - Constat
I-1. Le non-fonctionnement des organes de gestion et d’animation du parti
I.2. L’arbitraire et le laxisme favorisant l’indiscipline
I.3. La discrimination dans la reconnaissance du mérite militant
I.4. La non-recherche d’élucidation d’accusations de comportements délictueux ou amoraux portées contre des camarades • Cas de membres du gouvernement ; • cas de maires de communes urbaines ou rurales ; • cas du directeur du siège CDP ; • etc. Ces accusations peuvent être sans fondements, ne constituant que d’ignobles cabales et campagnes de dénigrement destinées à salir la réputation des personnes visées. Encore faut-il faire la lumière sur ces suspicions, qui constituent des salissures sur le parti. Pourquoi le CDP n’a-t-il donc pas diligenté une enquête sur ces cas afin de faire la part entre le bon grain et l’ivraie ? Insouciance ou peur d’avoir à confondre des camarades ?
I.5. La politique de sectarisme et d’exclusion
Les partis qui ont été approchés en 1996 pour former le CDP souffrent, à une ou à deux exceptions près, d’exclusion à la base pour leurs anciens militants et de sectarisme au sommet pour leurs anciens dirigeants. Ainsi :
II - Conclusion
Le CDP se trouve à la croisée des chemins. Les victoires amassées depuis 12 ans ne doivent pas masquer un profond mal qui métastase le parti et qui peut lui être fatal si on ne trouve aujourd’hui et impérativement le remède approprié. Ce mal trouve sa source dans le fondement même du CDP ; mais son développement est l’œuvre de camarades qui ne savent pas faire la différence entre fusion de plusieurs formations politiques et absorption de plusieurs formations politiques par une seule autre.
II.1. Les racines du mal
Le CDP a été conçu dans le péché. Un péché de non-respect des militants de base imputable autant aux responsables ODP/MT qu’aux responsables des autres formations politiques
II.2. Les propagateurs du mal
L’incubation du mal de naissance du CDP a été favorisée par le comportement de certains anciens hauts responsables de l’ODP, toujours aux premières loges du CDP. On a l’impression que tout est mis en œuvre pour maintenir dans les plus hautes sphères de décisions politiques, administratives et économiques ceux-là même qui, il y a près de 25 ans, vouaient aux gémonies les autorités coutumières et religieuses ainsi que tous les individus dits réactionnaires, et qui voulaient transformer nos mosquées, nos églises et nos temples en marchés.
Les tenants de ces sinistres desseins sous le CNR, c’étaient les CDR purs et durs. A-t-on voulu faire du CDP un refuge douillet et doré pour ceux-ci ? La doctrine social-démocrate n’a-t-elle été endossée par ces anciens CDR que pour faire comme le loup déguisé en agneau pour mieux leurrer et décimer la bergerie ? Ce comportement d’accaparement absolu du pouvoir par un cercle de copains au détriment aussi bien d’autres cadres de l’ex-ODP que des cadres des autres partis fondateurs du CDP n’a pas été de nature à donner un sens constructif au large rassemblement voulu par le Président Blaise Compaoré.
« Vous avez été conviés à boire le lait, pas à compter les veaux ». Cette célèbre phrase est assassine de la volonté de large rassemblement du Président. Elle est sans ambiguïté : « Nous de l’ex-ODP avons besoin des voix des militants des autres partis fondateurs du CDP, pas de leurs compétences ». Dans la pratique, en fait, d’éminents cadres ex-ODP ont été mangés à la même sauce que ceux qualifiés par ailleurs « d’ouvriers de la 25e heure ». Un tel comportement ne pouvait qu’accélérer la métastase du mal inné qui rongeait le CDP.
Que faire
Il est tentant de dresser une liste de comportements à bannir, d’attitudes à rectifier, d’injustices à corriger. Il est tentant d’espérer que les instances du parti disséqueront cette liste pour en tirer la quintessence. Mais nous avons en mémoire tant de questions fondamentales pour la vie du parti qui ont été débattues par ces instances, qui ont fait l’objet de recommandations constructives et qui, malheureusement, restent d’actualité. Ainsi en est-il par exemple du rapport de la commission thème du Congrès de 1999.
Nous avons ainsi la conviction que seule une Refondation du Congrès pour la démocratie et le progrès peut permettre de redonner à ce parti le lustre de ses premières années que des dérives comportementales n’ont fait qu’assombrir au fil des ans. Cette refondation sera orchestrée par des représentants des fondateurs du CDP, à des quotas à déterminer, et aura pour canevas de travail le présent mémorandum enrichi de tout éventuel apport de tout membre fondateur. Nous n’avons plus confiance aux majorités mécaniques des instances du parti, où la peur d’exprimer son intime conviction semble être devenue la « vertu » la plus sécurisante.
Ouagadougou, le 03 juin 2008
Ont signé :
Pierre Joseph Tapsoba
Oubkiri Marc Yao
Moussa Boly
Emile René Kaboré
R. Mathieu Ouédraogo
Amadé Taho
L’Observateur Paalga du 9 juin 2008
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