Les sept erreurs à ne pas commettre (transition en Afrique)
TRANSITION EN AFRIQUE
Les sept erreurs à ne pas commettre
L'article ci-dessous est une invite aux Africains à s'inspirer du cas de
Il existe de plus en plus de pays africains qui choisissent la démocratie et les élections libres comme mécanisme de légitimation du pouvoir politique et l’ouverture de leurs marchés à la concurrence.
Erreur n° 1 : L’illusion de la prospérité rapide et automatique
Ce n’est pas la plus grave ou la plus condamnable des erreurs, mais elle est probablement la plus difficile à éviter et certainement la cause des politiques orientées vers le court terme. Les Roumains étaient persuadés qu’une fois éliminé l’ancien dictateur, tous les problèmes seraient résolus. Au lieu de combattre cette illusion, les autorités l’ont entretenue et amplifiée par des mesures démagogiques : passage immédiat à la semaine de travail de cinq jours, réduction de l’âge légal de la retraite, facilitation des retraites anticipées, etc. Nous ne savions pas ou nous ne voulions pas savoir que la productivité du travail et du capital est le seul moyen pour produire de la richesse et donc pour augmenter le niveau de vie. Et que cela prend du temps ! Dans ces conditions, la frustration est inévitable, même si la situation générale s’améliore. En effet, la croissance économique, aussi élevée soit-elle, est difficilement perceptible dans l’immédiat. Par exemple, une croissance de 12% par an est exceptionnellement élevée. Elle assure un doublement du revenu en 6 ans et son triplement en moins de 10 ans. Pourtant, les gens ont du mal à se rendre compte que leur revenu réel augmente de 1% par mois.
Erreur n° 2 :
A la sortie de la dictature, un des objectifs de la nouvelle Constitution roumaine était d’empêcher la concentration des pouvoirs. Le résultat a été un exécutif bicéphale, qui entretient une « guerre » permanente entre le président (élu au suffrage universel direct) et le premier ministre (nommé par le président et confirmé par le parlement) même s’ils proviennent du même parti politique. Leurs attributions sont mal délimitées et définies par des termes ambigus, de sorte que
Erreur n° 3 : Le quasi-monopole public de l’information
Malgré le caractère anti-communiste du soulèvement populaire de 1989, les premières élections « libres » de 1990 et 1992 ont été gagnées par les anciens détenteurs du pouvoir (le second échelon du parti communiste). Cela a été possible par le contrôle étatique de la télévision et radio publiques, les seules ayant une couverture nationale, y compris dans les régions rurales où vivait environ 50% de la population. Les chaînes TV et les radios privées étaient inexistantes au début et trop faibles ensuite pour contrebalancer la propagande officielle qui présentait les partis réformateurs comme des traîtres à la solde de l’étranger. La presse écrite bénéficiait d’une liberté absolue quant au contenu, mais le pouvoir contrôlait les fabriques de papier, les imprimeries et les circuits de diffusion. La première vraie alternance du pouvoir – en 1996 – a été possible seulement après le développement de chaînes TV par câble et de radios privées, ainsi que de circuits alternatifs de diffusion de journaux. L’impact a été visible surtout dans les milieux urbains, tandis que la population rurale était victime de la même désinformation.
Erreur n° 4 : L’absence de contact avec l’émigration, voire l’hostilité à son égard
Après la prise totale de pouvoir par les communistes grâce aux chars soviétiques (1948), le gouvernement roumain a tout fait pour couper le contact des exilés avec leur patrie d’origine. Plus encore, par l’intermédiaire de la police politique (la « Securitate »), il a poursuivi une stratégie de division de l’exil, par l’infiltration d’agents d’influence et « d’informateurs". Pendant des décennies, dans les manuels d’histoire les exilés étaient accusés d’avoir trahi leur patrie, d’être des fascistes, etc. Les mêmes accusations ont été reprises après 1989 à l’égard des Roumains qui voulaient rentrer au pays pour investir et/ou participer à la vie politique. Evidemment, les communistes déguisés en réformateurs craignaient de perdre le pouvoir face à une opposition qui exigeait une réforme plus rapide. Les barrières à l’encontre des exilés ont privé
Erreur n° 5 : L’échec d’une réforme morale inachevée
Il est difficile de dire si cette erreur est la cause ou la conséquence des erreurs précédentes. Quoi qu’il en soit, ses effets sur la société roumaine sont sous-estimés. Les anciens « poètes de cour » de Ceausescu sont sénateurs. Certains de ses anciens ministres, députés, hauts fonctionnaires et les membres de
Erreur n° 6 : Le non-respect des droits de propriété
Avant la deuxième guerre mondiale,
Erreur n°7 : L’inflation et le contrôle des prix
Les prix dans l’économie communiste n’avaient aucune signification : pour avoir un vrai prix, il faut des droits de propriété et un marché libre, choses impensables dans le système de l’époque. Le contrôle des prix par les autorités communistes avait pour conséquence des magasins littéralement vides. Après 1989, les prix ont été libéralisés, mais pas tous et pas immédiatement. Sous prétexte de « protection sociale », certains prix ont été contrôlés, subventionnés, etc. Les prix ont continué d’envoyer des signaux erronés aux entrepreneurs et aux consommateurs roumains, sans pour autant aider les plus démunis. Au lieu de s’attaquer aux vraies causes de l’inflation – l’émission excédentaire de monnaie – les autorités ont préféré en combattre les symptômes. La solution du conseil monétaire (pratiqué avec succès par l’Estonie et
Certaines de ces erreurs ont été corrigées en partie par la suite, mais leurs conséquences sont irréparables : le temps perdu ne reviendra pas. Cela est évident dans le décalage qui sépare encore
Radu Nechita
Avec la collaboration de www.unmonddelibre.org.
Radu Nachita est maître de conférences en sciences économiques à l'université de Cluj-Napoca en Roumanie.
NB : le titre est du journal
Le Pays du 5 mars 2008
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