L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Mairie de Banfora :Vers la délégation spéciale

Crise au conseil municipal de Banfora

Vers la délégation spéciale

La date du lundi 18 juin 2007 avait été retenue pour la deuxième convocation du conseil municipal de Banfora. La séance n’a pas pu se tenir, puisque les conseillers du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), visiblement remontés contre le maire de la commune, ne se sont pas présentés dans la salle des fêtes de la mairie où devait se dérouler les travaux.

On se rappelle que Souleymane Soulama, le maire de Banfora, avait convoqué les conseillers le mardi 12 juin 2007 pour une session qui devait se pencher sur la commission ad hoc de vérification des fiches pour le lotissement, l’examen du budget supplémentaire et bien d’autres aspects de la vie de la commune. Cette session avait avorté pour les mêmes raisons qui ont empêché celle de ce lundi 18 juin 2007. C’est alors que des convocations ont été transmises aux différents élus pour la deuxième séance. Jusqu’à 9h30mn le lundi 18 juin 2007, la salle était restée vide. La principale question qui était sur les lèvres était de savoir si les conseillers CDP, au nombre de 40 suite à des démissions au RDB, répondront présents. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils s’étaient réunis comme d’habitude à leur siège. La veille, c’est-à-dire le dimanche 17 juin 2007, ils (les conseillers CDP) y ont tenu une rencontre à laquelle était présent le commissaire politique régional, Benoît Ouattara. Selon des indiscrétions, celui-ci a tenté de ramener la troupe au conseil. Mais, jusqu’à 0h, les conseillers étaient toujours campés sur leur position. Une position qui restera inchangée jusqu’au jour du conseil, puisqu’on ne les verra pas à la session.

Initialement prévu pour 9 h, c’est vers 10h10mn que le maire Soulama fait son entrée dans la salle. Après les salutations d’usage, place a été faite à la vérification des présences. Il y avait physiquement dans la salle 33 conseillers. Quatre procurations au nom de conseillers absents, à savoir Djoima Traoré, Abdoulaye Son, Sadjogo Soma et madame Tou/ Héma Makoura, ont été données au SG de la mairie qui faisait la vérification. Le récapitulatif fait par celui-ci donnait 37 présents, dont 4 procurations, et 38 absents des conseillers CDP. La majorité absolue du conseil municipal de Banfora étant de 39, la séance a été levée avant d'être entamée.

Réaction du maire Soulama

Après ce constat, le maire Souleymane Soulama a fait référence à l’article 238 du code général des collectivités qui dit qu’un conseil municipal ne peut siéger à sa première convocation que si les deux tiers des conseillers répondent présents. Si cette condition n’est pas remplie, le maire dispose de sept jours pour convoquer la deuxième séance qui peut délibérer avec la majorité absolue. Si cette séance non plus n’arrive pas à se tenir, pour un problème de majorité non qualifiée, le maire, dans les sept jours qui suivent, doit adresser une correspondance à l’autorité de tutelle qui dispose de trente jours pour aviser. Toutefois, le maire, face aux questions de la presse, a préféré l’organisation d’une conférence de presse au cours de laquelle il compte apporter plus de lumière sur la situation de la commune de Banfora.

L’ambiance au siège du CDP

Pendant que les élus du RDB attendaient le début des travaux dans la salle des fêtes de la mairie, ceux du CDP étaient réunis à leur siège. Un tour rapide sur les lieux nous a permis de voir les conseillers en pleine concertation pendant que d'autres militants, à l’ombre des arbres, s’adonnaient à des divertissements. Un des ténors de ce parti nous laissera entendre que c’est maintenant que les deux partis, à savoir le CDP et le RDB, mesureront leurs forces de frappe auprès de la population. Pour lui, nous tendons irrésistiblement vers de nouvelles élections, et le parti ne fera pas la part belle au RDB. Pour la secrétaire générale, Abibata Compaoré, le refus du CDP de se présenter à la session se situe dans la continuation de son action entreprise le mardi 12 juin 2007 qui consistait à boycotter les sessions. Il faut crever l’abcès, dit-elle, car les conseillers CDP sont fatigués d’être pris en otages, "surtout que le mardi, lorsque le conseil n’a pas pu se tenir, nous avons appris que le maire Souleymane Soulama a dit qu’il monterait à Ouagadougou et qu’on nous obligerait à siéger. Alors nous attendons d’être obligés. Toujours est-il que le maire sait actuellement ce qui lui reste à faire. Il a constaté son incapacité à réunir son conseil ce matin".

Problèmes autour de trois procurations

Des quatre procurations qui ont été présentées au secrétaire général de la mairie, trois font l’objet de problèmes. Elles ont été signées en bonne et due forme, et, après les avoir reçues, le SG de la mairie n’a rien trouvé à redire quant à leur conformité. Il s’agit de celles de Djoima Traoré, de Abdoulaye Son et de Sadjogo Soma qui étaient tous élus sous la bannière du RDB et qui ont rejoint le CDP à la suite de Amary Sanogo, Dan Célestin Karama et Kolia Emmanuel Son. Quelle ne fut la surprise de ces trois élus lorsque nous leur avons demandé pourquoi ils étaient présents au siège du CDP alors que dans la salle où devait se tenir le conseil, des procurations en leur nom avaient été présentées ! Abdoulaye Son, quant à lui, nous présentera une requête en annulation de la procuration qu’il avait établie pour la session. Le haut-commissaire en est ampliataire, déclare un conseiller qui était à côté, et la correspondance du maire a été remise à son secrétaire général en main propre. Les deux autres, quant à eux, disent n’avoir jamais signé pareil papier ; à moins que cela ne se soit passé à leur insu. Djoima Traoré et Abdoulaye Son se sont présentés à la gendarmerie pour porter plainte par rapport à la situation.

Dans ce climat qui prévaut, personne ne peut présager de l’avenir du conseil municipal de Banfora, vu que les deux forces politiques en présence n’entendent plus se faire de cadeaux, et chacun reste optimiste quant à l’issue de nouvelles élections si une telle situation advenait. C’est donc dire que la commune de Banfora n’est pas loin de devenir une délégation spéciale si les trente jours dont dispose le ministre de tutelle des collectivités locales pour la conciliation des deux partis ne portent pas fruit. Et la population se montre de plus en plus inquiète quand elle constate que le travail de construction et de développement a commencé dans certaines localités alors qu'à Banfora, l’heure est de savoir, depuis avril 2006, si le conseil pourra ou pas siéger.

Mamoudou TRAORE

Le Pays du 19 juin 2007



19/06/2007
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