Meurtres à Ouaga : Quelques éléments d'informations
MEURTRES A OUAGA
Affaire Kundé
Quelques éléments d'informations sur le dossier !
Des trois présumés coupables de l'assassinat de Bansé et de Maré, dont les têtes ont été retrouvées au barrage n°1, deux sont actuellement détenus à la police, il s'agit des sieurs Modibo Maïga et Boubacar Sana. Le troisième, Amadou Zampaligré serait en cavale. Sur cette fuite beaucoup de choses se disent et des sources bien introduites, n'hésitent pas à dire qu'on l'aurait aidé à fuir, si on ne le cache même pas dans certaines villas cossues de la capitale.
Le principal présumé coupable ferait montre d'une assurance insolente. Il prétend qu'il n'est pas mêlé dans cette affaire, même si c'est sa voiture qui a servi à commettre le forfait. Lui et Sana se déchargeraient plutôt sur Zampaligré qui est en fuite. Il faut donc espérer qu'on retrouve ce type là vivant. Les têtes qui ont été retrouvées porteraient les traces de balles, notamment des 7,6. On a retrouvé ce type de pistolet chez Maïga. Mais il semble que Zampaligré en possède aussi un du même type. Les Bars Kundé seraient en réalité la propriété des rebelles en " joint venture " avec des nationaux burkinabè.
Nous sommes en danger !
Mais comme ils étaient furieux, les jeunes qui ont saccagé les Kundé. L'expédition n'a pas seulement consisté à saccager, ce que l'on aurait compris en de pareilles situations, il y avait dans la vague une furia, une haine et une désespérance qui fait très peur. Cette foule avait véritablement une haine contre un ordre établi qui les exclut. Les Kundé, avec l'arrogance de leur extérieur, représente justement cette société de l'abondance qui les ignore.
Un journaliste de la révue GEO, daté de novembre 2006 a écrit : "Ouaga invente la banlieue pour riche", en réferance à Ouaga 2000. Un écrit qui avait valu à notre confrère J.J. Mandel la fureur d'un certain Jean Guion. L'honorable Jean Guion explique que notre confrère n'avait rien compris à l'évolution de notre pays. En vrai connaisseur de notre histoire, il explique que le Burkina Faso vient de loin et ce que nous sommes aujourd'hui, nous le devons à Blaise Compaoré. Enfin !
La flagornerie c'est bien le blanc qui l'a inventé. On ne peut pas espérer le battre sur ce terrain. Mais tout de même…Si nous devons ce que nous sommes aujourd'hui à Blaise et lui Blaise, alors à qui doit-il ce qu'il est devenu aujourd'hui ? Comme disait la Fontaine tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute. Et "les chefs" du Burkina aiment bien qu'on les flatte. En tout cas ce Burkina Faso, pour lequel Jean Guion a des yeux de Chimène, la horde qui est sortie le 16 mars dernier ne le voit pas.
A moins que ce ne soit justement ce Burkina Faso des lustres et des lucres qui les rebute tant. Il est peut-être encore temps d'oser regarder la réalité en face. De septembre 2006 au 16 mars 2007, trois grands événements se sont produits qui devraient pourtant nous ouvrir les yeux. Il s'agit d'abord de la révolte des casques, en septembre 2006. Une réaction spontanée, mais déterminée d'une certaine classe de Ouagalais pour se dresser contre l'imposition du port de casque pour les cyclomotoristes.
La réaction a été si inattendue et si forte que les autorités ont dû reculer. La mesure n'a pas été raportée, mais son application a été différée. Ensuite il y a eu la mutinerie militaire de décembre dernier. Pendant deux journées, les jeunes soldats ont dicté leur loi à Ouagadougou. Ils se sont pris violemment à tout ce qui est symbole de la police, ont libéré des prisonniers, ont convoqué et tancé leur ministre de tutelle et ont en définitive obligé le président du Faso à reporter deux sommets internationaux qui devraient le couronner président en exercice de la CEDEAO et de l'UEMOA.
Là aussi, la réaction a été très violente et disproportionnée par rapport à la cause qui l'a provoquée. Les jeunes soldats avaient agi pour se venger d'une offense, ou de ce qu'ils ont considéré comme tel, de la part des éléments de la compagnie républicaine de sécurité ( CRS). Le tout dernier événement c'est naturellement les émeutes des 16 et 17 mars derniers. Une réaction populaire violente et déterminée a répondu spontanément à la découverte de cadavres mutilés et amputés dans des conditions non encore élucidées.
Il se dégage de cette réaction violente des populations l'expression d'un raz le bol et d'une détermination à ne plus cautionner un état de fait. La confiance dans les institutions n'existe plus et c'est pourquoi les manifestants sont allés faire le siège du commissariat central exigeant qu'on leur remette leur coupable pour qu'ils se fassent justice eux-mêmes. L'autre aspect qui n'aura pas manqué de frapper ceux qui ont vu les images de la manifestation, c'est la haine avec laquelle, les manifestants se sont pris aux bars Kundé.
Cette violence n'est pas gratuite et elle traduit plusieurs choses dont trois au moins nous paraissent significatives de l'état d'esprit actuel des populations. Il y a une désespérance totale dans le pays qui frappe une frange très importante de notre population. Pour ces gens qui n'espèrent plus dans ce système et dans ce pays, il faut à l'image de ce qu'ils ont fait aux Kundé, tout détruire et peut-être obliger à reconstruire autrement.
Quand les gens en arrivent à ne plus rien attendre de la situation en cours, c'est très dangereux. Un manque total de confiance en notre justice. Aussi bien les militaires mutins, que les révoltés du 16 et 17 dernier, tous mettent en avant le manque de confiance en la justice pour expliquer l'extrémisme de leurs actes. Il y a enfin, et sûrement, le refus de ce que symbolise les Kundé. Fortune spontanée et non transparente.
Dans la révolte contre l'imposition du casque, il y avait déjà le refus de contribuer à enrichir une catégorie de personnes que l'on soupçonnait être derrière le commerce des casques. Les jeunes militaires ont en décembre dit à peu près la même chose en s'en prenant sans ménagement à la hiérarchie qui avait perdu contact avec la dure réalité des casernes. Avant toute explosion sociale, il y a des signes qui très souvent ne sont pas pris en compte ou sont minimisés. Comme l'affaire de l'âne et de son ânier.
Quand l'âne veut terrasser son ânier, celui-ci n'a généralement pas le temps de voir le mouvement de ses oreilles. Or c'est un signe infaillible. Ces événements montrent à tous ceux qui mangent au moins deux bons repas par jour dans ce pays, qu'ils sont en danger. En face d'eux des millions de leurs concitoyens n'ont plus espoir en rien.
Newton Ahmed Barry
L’Evénement du 25 Mars 2007
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