"Notre journal avalise Obama" (Larry Eichel (Rédacteur en chef de Philadelphia Inquirer))
Larry Eichel (Rédacteur en chef de Philadelphia Inquirer)
"Notre journal avalise Obama"
La moustache bien en vue, quelques gris sur la chevelure, Larry Eichel est le senior Writer au Philadelphia Inquirer, le plus grand quotidien de la ville. En cette matinée du 21 avril 2008, nous l’avons rencontré au siège du "canard", situé au 400, North street de "Phily". La place de
Quel regard, en tant que journaliste averti, jetez-vous sur les primaires démocrates en Pennsylvanie ?
• Ma première primaire en tant que journaliste date de 1976. Généralement les primaires en Pennsylvanie ne sont pas importantes. Pour celles de 2008, on a pensé que cela allait être pareil, mais le choc Hillary/Obama en a décidé autrement. C’est dire donc que le calendrier des primaires n’est pas logique. La publicité et la télévision y tiennent une place importante.
Obama a dépensé 3 millions de dollars pour la télé, soit 2 fois plus que d’habitude en l’espèce en Pennsylvanie. Aujourd’hui, Obama est la marque la plus connue en Pennsylvanie, plus que la tombola, autre célébrité dans cet Etat.
Quelles sont les chances de chacun des candidats ? (Ndlr : on était à la veille du vote, soit le 21 avril)
• Les banlieues sont acquises à Obama, mais les centres urbains sont pour Hillary. A avoir Pettburg, Harisburg... Elle va gagner, ça c’est certain, mais c’est la marge de manœuvre qui importe. Il faut qu’elle gagne avec plus de 10 points d’avance pour rester dans la course. Obama a perdu aussi un peu ici avec ses propos d’il y a quelques jours de cela : "Il disait que dans le Midwest, les gens n’ont que la religion et les armes comme recours".
Il y a aussi le débat du 16 avril, où il était un peu hésitant et un peu vexé. Nous avons reçu Obama à notre rédaction le 14 avril 2008, Mme Clinton est venue ici aussi il y a quelques semaines de cela, et nous avons échangé avec eux. Chacun a décliné ses idéaux, et je pense que la course entre les deux va durer encore un moment.
Au fait, quelle est le plafond en matière d’argent autorisé pour la pub à la télévision ?
• Il n’y a pas de limite à cela, le plafond concerne les fonds en général. Il y a les collectes individuelles (2 500 dollars le maximum par personne) et les fonds publics, que le candidat peut refuser.
Quelle influence ont les sondages sur les opinions ?
• Les sondages ont parfois tort. Ils ont une influence sur l’opinion, mais non prévisible. Selon les sondages, Obama séduit les jeunes. Lui-même a 46 ans, mais il paraît plus jeune. En fait, il y a souvent des sondages au sortir des bureaux de vote, et c’est à partir de ces résultats que la presse fait ses projections.
Vous constaterez que même sur les chaînes de télévision, on est très prudent, et les mots choisis ne sont pas affirmatifs. Enfin, il faut dire qu’habituellement, un Démocrate ne peut gagner les élections en général sans
Ici aux USA, les médias choisissent leur camp. Quel est le vôtre ?
• Philadelphia Inquirer n’a pas d’affiliation politique, nous ne sommes ni démocrate ni républicain, nous sommes à la gauche du centre, donc proches des Démocrates et nous soutenons Obama. Nous l’avons souligné depuis longtemps, et déjà notre conseil de rédaction a appuyé Obama dans le New-Jersey. Ici en Pennsylvanie aussi, nous l’appuyons ;
Obama est charismatique, il incarne l’espoir d’un changement profond, il est la solution à bien des problèmes. Son passé, ses origines, sa race... il a vécu à l’étranger, il connaît d’autres réalités ; ce qui fait que bien des gens pensent qu’il va éliminer les fossés raciaux et redorer le blason des USA dans certains domaines. Ses défauts :
il parle tout le temps de changement et beaucoup s’en fichent. Ce qui intéresse les populations, c’est le prix du gallon (plus de 3,30 dollars le gallon actuellement) ; l’assurance-maladie. Donc retenez qu’ici aux USA la tradition est qu’un journal avalise un candidat.
Votre opinion sur Mme Hillary Clinton ?
• Elle a un contact direct avec ceux qui s’intéressent aux questions vitales des Américains telle l’assurance-maladie. Mais pour beaucoup, Hillary à
Et si Obama passe, ils ne seront pas à l’aise, car il est un homme neuf. A peine 3 ans qu’il s’est lancé sur la scène politique et le voilà déjà à la présidentielle. Ailleurs, il faut gravir les marches du parti pour en arriver là.
C’est pourquoi Hillary semble dire à Obama : "Laisse tomber, ce n’est pas encore ton tour, c’est le mien". Mais l’aptitude d’Obama à lever les fonds l’a distingué des autres, déjà dès le 1er rapport de cette levée de fonds, et au vu des résultats d’Obama, on a su que c’est un bon candidat. Les superdélégués sont pour Hillary, mais ils seront prêts également à appuyer Obama. Il faut noter que
On constate également qu’il n’y a pas de clôture de campagne lors du vote.
• Oui. Ici il n’y a pas de règle concernant la fin de la campagne, même le jour du vote la campagne continue, sauf qu’on ne peut pas la faire à côté du bureau de vote, je crois à
Interview réalisée à Philadelphie par
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga du 2 mai 2008
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