Opposition sénégalais à la recherche d’une bouée de sauvetage
Opposition sénégalais
A la recherche d’une bouée de sauvetage
L’opposition sénégalaise ne désarme pas. Après son mot d’ordre de boycott des élections législatives puis sénatoriales, elle a entrepris de rallier la société civile à son nouveau projet d’organisation d’assises nationales. Elle a pris une nouvelle dénomination pour ses nouveaux combats : Front Siggil Sénégal. Absente des institutions comme le Parlement et le Sénat, elle veut rebondir sur un autre terrain, celui de la concertation populaire. Une opération dont on se demande si elle pourra sortir l’opposition de l’impasse et permettre aux acteurs politiques sénégalais de renouer le fil du dialogue. En effet, l’impact de la politique de la chaise vide est difficilement mesurable.
En dehors de quelques articles de presse critiques sur le régime, l’opinion nationale et internationale n’a pas suivi la démarche de l’opposition visant à diaboliser Abdoulaye Wade. Le pays continue d’être un interlocuteur de choix des pays occidentaux, à l’image de la visite que Sarkozy y a effectuée et de la participation de Wade en qualité d’invité au dernier sommet du G8 en Allemagne. Sans aucun égard pour les atermoiements des opposants, le pouvoir vient d’organiser les élections sénatoriales dont il est sorti largement victorieux. Avec le possible retour de Idrissa Seck dans le sérail, le Parti démocratique sénégalais n’a désormais qu’une seule crainte : les rivalités internes au sein du parti.
Si le boycott s’avère infructueux, les assises nationales pourront-elles permettre à l’opposition de se refaire une place au soleil ? L’idée en elle-même est généreuse. D’abord ces assises constituent un moment d’occupation pour une opposition en marge des institutions représentatives. Ensuite, elles lui permettront de faire front avec la société civile pour diagnostiquer la démocratie et proposer des pistes de solution. Enfin, elles peuvent, si elles sont intelligemment menées, jeter un pont pour un début de dialogue avec le gouvernement. Mais si ces assises se transforment en un tribunal contre le pouvoir, il y a fort à parier, connaissant la susceptibilité des uns et des autres, que le fossé continuera de s’agrandir entre Wade et ses opposants.
L’avenir de la coalition de l’opposition est lui-même hypothétique. En plus des manœuvres du pouvoir pour la fragiliser, elle risque de pâtir de dissensions internes qui commencent à se faire jour. Le parti de Moustapha Niasse, un poids lourd de cette coalition, n’écarte pas la possibilité de prendre part aux prochaines élections communales. Si cette éventualité se réalisait, il est évident qu’elle briserait la stratégie de boycott mise en place par l’opposition. Moustapha Niasse et son Alliance des forces du progrès pèsent assez lourd sur la scène politique sénégalaise et leur défection de la coalition Siggil Sénégal ne peut que constituer un élément de fragilisation de l'opposition et un motif de satisfaction pour Wade.
Les élections communales (ou municipales) sont connues pour être des scrutins de proximité qu’aucun parti voulant s’enraciner au sein des populations ne peut ignorer. Niasse a compris le danger qu’il court en optant pour le boycott tous azimuts. En plus de n’avoir aucun effet sur le pouvoir, cette approche, certes courageuse, n’en est pas moins suicidaire. Elle coupe le parti de ses bases dont on sait comment elles sont difficiles à reconstituer. Quand les cadres politiques sont face à l’inconnu, ils préfèrent émigrer vers d’autres partis pour envisager plus sereinement leur carrière politique. Que les revendications de l’opposition pour des réformes politiques et institutionnelles soient prises en compte ou non, il est donc de plus en plus probable que Moustapha Niasse renouera avec le système démocratique sénégalais, à l’occasion des prochaines communales.
En tout état de cause, la démocratie sénégalaise a ceci de particulier que les différents acteurs arrivent toujours à se retrouver, d’une façon ou d’une autre. Les débats sont toujours vifs au pays de la Téranga mais en dehors de quelques cas malheureux, la violence n’est pas la forme d’expression privilégiée. Si les assises nationales participent de cette logique d’apaisement, l’opposition aura fait preuve de grandeur d’esprit. Car les chamailleries actuelles ne peuvent que diviser un pays qui a besoin de tous ses fils pour faire aboutir les grands chantiers du développement.
Le Pays du 23 août 2007
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