L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Pas de "fèfè" en dessous de 26 degrés

France

Pas de "fèfè" en dessous de 26 degrés

 

Le geste est tout ce qu'il y a de simple mais il coûte cher. Il suffit en effet d'appuyer sur un interrupteur ou d'actionner une télécommande pour se retrouver dans un microclimat et oublier la température qu'il fait dehors. Quitte à s'en souvenir quand sonne l'heure de partir et subir un choc thermique parce qu'on sera resté trop longtemps dans le "fèfè".

Ça coûte cher, on l'a dit, non seulement en termes d'énergie (et la facture qui va avec), mais aussi pour des considérations environnementales.

Pour donc réduire la consommation énergétique à l'heure où le baril de pétrole tourne autour de 70 dollars US et lutter contre les gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, la France a pris le décret 2007/363 publié au J.O. du 21 mars 2007. Cette disposition réglementaire, entrée en vigueur le 1er juillet courant, stipule notamment en son article R.131-29 que dans les locaux où est installé un système de refroidissement, "celui-ci ne doit être mis ou maintenu en fonctionnement que lorsque la température intérieure dépasse 26°c".

Certes, il ne s'agit que d'une recommandation, donc d'une mesure non coercitive, et aucune sanction n'est d'ailleurs prévue contre les contrevenants, mais ce mot d'ordre gouvernemental, pour incitatif qu'il puisse être, est un signal politique fort qui devrait faire réfléchir les Etats impécunieux comme les nôtres.

Car c'est bien connu, ceux qui en ont le moins sont  parfois ceux qui savent  dépenser le plus.

Comparaison n'est sans doute pas raison, et à 26 degrés au Burkina, on pourrait se croire  en Sibérie.  Il n'empêche, quand on voit  la propension de nos compatriotes à gaspiller l'énergie et à abuser de la clim', on se demande si on est vraiment fondé à râler comme de vieilles locomotives parce que le prix des hydrocarbures a (encore) augmenté.

Tel responsable, même en décembre-janvier-février, bien connus pour leurs températures clémentes, tel un automate, dès 8 heures, est sous 20 degrés.

Tel autre patron, une heure avant d'arriver au bureau, appelle sa secrétaire pour qu'elle mette déjà le "fèfè" en marche parce que monsieur est né dans un igloo. Telle secrétaire ou tel agent de liaison, sitôt les bureaux vidés à 12 heures 30, s'enferment pour une petite sieste réparatrice ; dans la clim' naturellement. Bien sûr quand ils ont des systèmes de refroidissement à domicile (ce qui n'est pas le cas de la majorité), ils n'inclinent pas à l'abuser pour des raisons évidentes. Mais quand c'est au service, ils se mettraient même dans un caisson oxygéné façon Michaël Jackson, s'ils en avaient l'opportunité.

"C'est l'Etat qui paie", entend-on souvent dire, oubliant que l'Etat, ce n'est pas seulement Blaise Compaoré et son ministre des Finances, c'est chacun des 12 millions de Burkinabè avec leurs impôts et taxes.

Il est vrai que les responsables ne donnent pas toujours l'exemple et savent, plus que quiconque, "concasser le CFA", mais quand il faut trinquer, ce sont toujours les petites gens qui bavent. Alors, bientôt un mot d'ordre du genre "Pas de clim' en dessous de 30 degrés à l'intérieur"? On peut toujours rêver. Si ça leur dit, les cours du brut peuvent donc toujours flamber et le prix de l'essence à la pompe continuer son tango, nous, on ne se privera pas de notre "fèfè". Quitte à aller ensuite mendier chez ceux qui apprennent à s'en passer et qui avaient déjà, il y a une trentaine d'années, inventé l'heure d'été après le premier choc pétrolier pour économiser l'électricité et donc, alléger sa facture.

 

«Billets craquants» in L’Observateur Paalga du 9 juillet 2007


08/07/2007
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