Pétrole au Niger : Gare à la flambée de la rébellion !
Pétrole au Niger
Gare à la flambée de la rébellion !
Le Niger se prépare à entrer dans le cercle très fermé des pays producteurs de pétrole. C’est en tout cas le chemin qu’il a emprunté en approuvant un Contrat de partage de production (CPP) pétrolière avec
D’autres investigations et études se poursuivent toujours au Nord dans les régions de l’Aïr et de l’Azaouak, où une vingtaine de compagnies sont en train de fouiller les entrailles du sol, traquant la moindre odeur d'or noir. Et vraisemblablement, il y a beaucoup de chances que d’autres gisements soient découverts au pays de Mamadou Tandja.
On ne peut que se réjouir de cette bonne nouvelle, qui vient à point nommé à un moment où le cours du baril est permanemment à la hausse. En plus de l’uranium, dont le pays est un des principaux producteurs mondiaux, le Niger va disposer maintenant d’un autre levier pour booster son développement.
Ce qui est sûr, avec les substantielles entrées supplémentaires de devises attendues de l’exploitation de l’or noir, si l’Etat fait preuve de transparence et de bonne gestion, le Niger pourra bouter hors de ses frontières, à brève échéance, la pauvreté et la famine, qui assaillent une bonne partie de sa population depuis des décennies. La santé, l’éducation, l’énergie et l’eau sont autant de secteurs qui pourront connaître une véritable amélioration.
Mais pour tirer profit de cet or noir, encore faut-il que les filles et fils du Niger se donnent la main, laissent de côté leurs rancœurs et leurs rancunes afin que la nation entière puisse s’entendre sur l’essentiel pour une gestion optimale de ces ressources additionnelles ! C’est par la gestion et l’utilisation de ce nouveau pactole que le président Tandja pourra montrer aux yeux du monde qu’il est un véritable homme d’Etat. Car il doit réussir l’union sacrée pour une bonne exploitation de cette manne, sinon bonjour les dégâts.
En effet, dans un pays miné par la rébellion touarègue, le risque est grand que le pétrole vienne exacerber une crise que Niamey a déjà du mal à résorber. Et les conditions sont réunies pour que sévisse au Niger le syndrome de l’or noir, cette malédiction qui frappe et déchire une bonne partie des pays producteurs de pétrole en Afrique : les guerres, rébellions et groupes armés qui ont éclaté ou éclatent toujours dans certains Etats comme le Congo, l’Angola, le Nigeria ou le Tchad, pour ne citer que ceux-là.
Le pétrole, on le sait tous, attise des convoitises. Et on ne sera pas étonné de voir pousser à côté du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), la rébellion touarègue, d’autres groupes ou groupuscules armés pour demander des dividendes de la manne pétrolière. Des exemples de ces mouvements de revendication foisonnent au Nigeria dans le Delta du Niger et on se rappelle le Mouvement pour la survie du peuple Ogoni de l’écrivain Ken Saro-Wiwa dans les années 90.
Il est à craindre que les revenus du pétrole, plutôt que de servir au développement du pays, ne servent davantage à l’achat d'armes. On l’a vu au Tchad, où Deby n’a pas hésité, dans sa lutte contre son opposition armée, à décadenasser les caisses du Fonds pour les générations futures.
Niamey a donc du pain sur la planche et devra travailler de sorte à conjurer les mauvais sorts qui s’acharnent sur nombre de pays producteurs de pétrole. Sur ce point d’ailleurs, on peut aisément constater que cette malédiction, dont on parle tant, ne touche que les pays de l’Afrique noire à quelque deux exceptions près (Gabon et Guinée Equatoriale). Dans les pays occidentaux et les émirats pétroliers, il n’y a aucun conflit armé interne (guerre civile) sous-tendu par l’exploitation de l’or noir.
Signe que les temps ont changé, c’est
Croisons les doigts et espérons que le Niger, à la différence des autres pays, pourra vaincre le signe indien de la malédiction pétrolière et que son or noir servira véritablement au développement de la nation et des populations.
Et que, loin de susciter de nouvelles ambitions politiques à Mamadou Tandja (la modification éventuelle de
San Evariste Barro
L’Observateur Paalga du 5 juin 2008
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