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Présidentielle sénégalaise : On a aussi voté au Burkina

Présidentielle sénégalaise

On a aussi voté au Burkina

 

Hier dimanche, avant de s’adonner à la préparation du  Tiébou-djen, cette spécialité sénégalaise  tant prisée au Burkina, Mme Magatte Thiam, gérante du restaurant Thiam  avait une petite course bien matinale et pas ordinaire. En effet, c’est ce jour que tous les Sénégalais, aussi bien de l’intérieur que de la diaspora, sont allés aux urnes pour choisir celui qui aura en main leur destinée pendant sept ans.

 

C’est vrai qu’au moment où le lecteur lit cet article, le suspense est en train d’être levé et le mystère n’est plus entier sur cette élection présidentielle. Mais avouons tout de même que, jamais, le pays de Senghor n’aura connu une élection à issue aussi incertaine que celle qui a eu lieu le 25 février 2007.

 

Pour s’en faire une idée, il suffit de parcourir les lignes suivantes du Regard sur l’actualité de notre édition no 6833 du 23 au 25 février 2007 : « Lors de ce scrutin, 15 candidats dont le président sortant, Abdoulaye Wade, seront en lice pour l’élection présidentielle…Enjeu principal de cette présidentielle : les Sénégalais vont-ils renouveler leur confiance au président Wade, arrivé au pouvoir en 2000, soutenu à bout de bras par toute l’opposition de l’époque, à la faveur d’une élection qualifiée à l’époque d’historique ? En dépit de son âge avancé (81 ans), que mettent en exergue certains de ses adversaires, ses partisans entendent lui accorder un dernier mandat, le temps pour lui d’achever ses « grands chantiers » et de pouvoir tenir ses promesses de 2000…Quinze personnalités, qui ont, chacune, déboursé 25 millions de FCFA à titre de caution pour faire  acte de candidature… »

 

Avec un si grand enjeu et après avoir versé une caution bien respectable sous nos tropiques, tous les électeurs sont donc à coopter. Et comme Abdoul Salam Anne, aucune des 701 « petites voix » de Sénégalais inscrits dans la liste électorale du Burkina  n’est à négliger. Agé de 53 ans et originaire de la région de Pikine au Sénégal, il vit au Burkina depuis 17 ans. Vendeur de montres et de lunettes au marché dénommé Zaabr-Daaga et logeant au secteur 2 dans le quartier Saint-Léon, il a été le premier des Sénégalais résidant au Burkina à introduire un bulletin dans l’urne, au Bureau de vote no1 logé dans une salle de son ambassade sise au 2e étage d’Espace Fadima. Ce geste de même nature, Mme Daba Gueye, originaire de Thiès et gérante du « restaurant Ngana » (le nom du village de son mari), l’a aussi fait presque au même moment du côté de l’avenue Yennenga où se trouve le consulat du Sénégal qui a abrité en l’espace d’une journée, le 2e bureau de vote de Ouagadougou.

 

Ç’a été la première tâche de la majorité des 701 inscrits (Ndlr : environ 4000 Sénégalais vivent au Burkina) pour le scrutin de la présidentielle au pays de la Teranga. Dans notre pays, il y a eu cinq circonscriptions électorales, qui étaient Ouaga (511 inscrits), Bobo Dioulasso (115), Banfora (10), Dédougou (32) et Koudougou (33).

 

Même si hier, il était difficile de dire que la ponctualité a été de rigueur dans tous ces bureaux de vote, l’on peut préciser cependant que dans le bureau de vote no 1, en attendant la clôture qui était prévue pour 18 heures, la consigne de l’ouverture à 8 heures a été bien respectée.

 

En effet, à ce moment précis, la présidente des lieux, Mme Lucie Mbaye, est apparue dans le couloir, et à l’intention de ceux qui sont venus pour voter, elle a prononcé la phrase suivante : « Bonjour chers compatriotes, nous déclarons que le scrutin est ouvert ». Même si cette petite machine électorale a connu un petit toussotement au démarrage. En effet, les  mandats de certains représentants de candidats n’étaient pas signés. Et pour tout gâter, à l’ouverture du bureau de vote, les électeurs s’y étaient tous engouffrés, créant une petite impression de débordement dans la salle. Les esprits s’échauffaient donc. Heureusement que l’ordre a été vite rétabli et les mandataires satisfaits.

 

Le constat dans toute cette ambiance de vote, c’est que ces Sénégalais résidant dans notre pays semblaient bien maîtriser l’opération de vote. Bien sûr, il y a ces petites inattentions, qui nous sont familières au Burkina, comme l’oubli de la pièce d’identité ou de la carte électorale.

 

Ou le cas de ces potentiels votants qui ont simplement frappé à la mauvaise porte, comme celui d’Amadou Bâ, vendeur de montres et de lunettes du côté de la maison du peuple qui est allé d’abord au consulat pour voter. A sa décharge, il faut cependant préciser que même l’actuel premier responsable de la représentation diplomatique assurant l’intérim, le Chargé d’affaires, Vincent Badji, s’est aussi fourvoyé en venant à l’ambassade, au lieu d’emprunter l’avenue Yennenga qui mène au consulat.

 

Comble de malchance pour ce diplomate qui est arrivé en béquilles et qui, visiblement, peinait à se mouvoir, suite à un accident de la circulation survenu le mercredi passé. Ce jour, parti pour vérifier l’état d’avancement de la fabrication des urnes, il a été renversé par un conducteur de taxi. « Je ne pourrai plus aller de l’autre côté [Ndlr : le consulat] pour voter », a-t-il lâché d’un air triste, après s’être rendu compte qu’il ne pouvait pas voter sur place.

 

Evidemment, c’était difficile pour lui qui est arrivé à l’ambassade, pratiquement porté à bout de bras. Au consulat, Mme Thiam venue pour voter a une autre préoccupation. Elle est arrivée avec sa pièce d’identité, mais sans l’autre sésame nécessaire qui est la carte d’électeur, qui, soit dit en passant, est numérisée. « C’est le vieux qui m’a trompé. Il m’a précisé que l’on vote seulement avec la pièce d’identité ». Nous risquons une question sur l’identité de la personne incriminée. « Mais, mon mari bien sûr !», a-t-elle lâché en souriant.

 

En dehors de ces petites déconvenues, la plupart des votants rencontrés assurent s’être acquittés de cette tâche sans la moindre difficulté et dans la bonne humeur.

 

Aujourd’hui, l’on peut ne plus se demander vers quel candidat est allé le cœur de la majorité des Sénégalais vivant au pays de Blaise. Hier cependant, cette question taraudait bien des esprits et elle était aussi insoluble que trouver l’ordre d’un quinté. Sauf ce monsieur, un indéfectible d’Idy, et qui dégageait cette belle assurance.

 

En guise de présentation, il a lâché, en dévalant les marches de l’escalier qui mènent au rez-de-chaussée du consulat où se trouve le 2e bureau de vote. « Je suis le représentant d’Idrissa Seck qui est le futur président du Sénégal ». Futur proche ou lointain ? On le saura dans quelques jours.

Issa K. Barry

Source, L’Observateur Paalga du 26 février 2007



26/02/2007
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