Que de bruits autour du 11-décembre
Une Lettre pour Laye
Que de bruits autour du 11-décembre
Cher Wambi,
Dans cette conjoncture de vie chère, ils sont nombreux, dans des contrées telles Konkìistenga, qui ne désespèrent pas que la saison hivernale nous ouvre les portes du salut. Au moment où les prix des céréales, en ville comme en campagne, montent en flèche, le seul recours qui nous reste, se souvient-on, n’est autre que les tendres feuilles d’oseille ou de haricot que nos vieilles mères récolteront pour nous concocter le précieux bouillon. Mais, encore faut-il qu’il pleuve ! En tout cas, en cette semaine qui s’achève, le Faso a encore été arrosé en certaines de ses régions ainsi que nous l’apprennent les relevés pluviométriques du 12 au 18 juin, que voici, émanant des services de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA)
Dori = 13,5 mm ; Ouahigouya = 26,6 mm ; Dédougou = 9,4 mm ; Fada N’Gourma = 9,2 mm ; Bobo-Dioulasso = 19,2 mm ; Boromo = 12,8 mm ; Pô = 10,2 mm ; Gaoua =
En attendant, comme tu le sais déjà, le "Programme saaga" nous a annoncé d’abondantes pluies sur le Faso cette année ; à chacun maintenant de retrousser ses manches pour aller à l’assaut des champs et des intempéries.
C’est un secret de polichinelle, cher Wambi : en cette année 2008, c’est la ville de Fada N’Gourma, chef-lieu de la région de l’Est, qui aura l’honneur d’accueillir les manifestations commémoratives du 11-Décembre, fête nationale de notre pays. Mais, comme il fallait s’y attendre, le sujet alimente déjà les gargotes et les masures, du fait que l’Etat devrait débourser la bagatelle de 6 milliards de nos francs.
Dans ce contexte de vie chère et de crise alimentaire mondiale, l’on comprend bien le courroux des pourfendeurs d’une telle initiative. Seulement, cher cousin, doit-on n’ouvrir l’œil que sur nos ventres et oublier le développement socio-économique de l’arrière-pays ?
Car, quoi qu’on dise, la décentralisation de la fête nationale commandera inéluctablement la réalisation d’infrastructures, et boostera un tant soit peu l’activité économique des villes-hôtes. A Simonville, naturellement, l’on est en droit de déplorer une telle dépense somptueuse, mais, pour sûr, ce ne sont pas les populations locales qui s’en plaindront.
Elles qui n’auraient jamais rêvé d’une telle manifestation en live ; même un demi-siècle, presque, après l’indépendance de notre cher Burkina. Quelque six mois nous séparent de ce 11-Décembre là ; il ne nous reste donc, cher cousin, qu’à travailler à convertir nos appréhensions en ambitions.
L’événement, en cette semaine finissante, cher cousin, est sans conteste la fatwa qui a frappé les refondateurs du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) le 14 juin dernier. Tu l’as, sans doute, déjà appris, le Bureau exécutif national (BEN), réuni ce jour-là, a suspendu de toutes les instances du parti Pierre Joseph Emmanuel Tapsoba, Moussa Boly, Oubkiri Marc Yao, Mathieu R. Ouédraogo, Réné Emile Kaboré et Amadé Taho, tous issus de l’ex-CNPP et assimilés, au motif qu’ils ont lavé le linge sale de la famille dans la rue.
Quelle conséquence une telle mesure pourrait-elle avoir sur la vie du parti présidentiel ? En attendant d’en savoir davantage, les commentaires vont bon train dans la cité, et d’aucuns pronostiquent le pire.
Sans présager de quoi demain sera fait au sein du CDP, je t’apprends néanmoins que son siège abritera ce dimanche, 22 juin 2008 à partir de 9h00, une conférence de presse qu’animeront ceux des gourous encore en sursis, comme disent les mauvaises langues. Ben entendu, la vie du parti reviendra sur le tapis, et tu peux deviner déjà l’ambiance qui prévaudra au 1146, avenue du Dr Kwamé-N’Krumah.
Chère Wambi, je sais que tu t’es vite remis de la fatigue provoquée par les festivités marquant les 35 ans de l’œuvre de la vie d’E.O. Nakibéogo. Je sais aussi que, ce matin, tu feras avec pétulance le tour des cabarets pour aiguiser l’appétit de tes neveux, qui raffolent de nouvelles de la capitale et du pays. Je sais, enfin, que tu ne te ferais pas prier pour faire un détour à Kossyam, à Simonville donc, juste le temps de remettre cet appel d’un des quatre archéologues officiels du Faso au grand sachem :
"Monsieur le président du Faso, président du Conseil des ministres, C’est avec une très grande satisfaction que les archéologues, les gestionnaires et les acteurs du patrimoine culturel ont accueilli le vote par l’Assemblée nationale de la loi n°24-2007 du 13 novembre 2007, portant protection du patrimoine culturel au Burkina Faso, suivi de sa promulgation par vous, le 3 décembre 2007 par le décret 2007-816/PRES.
La satisfaction était légitime pour la simple raison que c’était le tout premier texte de cette envergure sur le patrimoine national, qui a été géré pendant 51 ans par un texte de l’AOF (de 1956 à 1985) et par une ordonnance (de régime d’exception) de 1985 à 2007. C’est aussi un texte dont le contenu mérite respect, surtout en ce qui concerne le volet sauvegarde du patrimoine culturel national.
Je voudrais par la présente attirer votre attention sur l’article 38 de notre jeune loi : "Le volet archéologique doit être inclus dans les frais d’études de grands travaux de construction et d’aménagement dont la nature est définie par décret pris en Conseil des ministres".
Le Burkina est présentement un grand chantier : construction du réseau d’interconnexion électrique, barrage de Samandéni, projet de chemin de fer Ghana-Burkina Faso, Projet ZACA, échangeur de l’est, échangeur de l’ouest, aéroport de Donsin, Bobo 2010, etc. Ces différents chantiers ou projets constituent, de notre point de vue ou à l’échelle du Burkina Faso, "de grands travaux de construction et d’aménagement".
Qu’il vous plaise que le Conseil des ministres se prononce sur cette question afin que tous, nous ne laissions pas sombrer dans la nuit de l’ignorance certains trésors culturels de notre pays. Si, comme on le dit, l’histoire de notre pays est devant nous (est encore à écrire et surtout à enseigner), on pourrait préciser aussi qu’elle est sous nos pas".
Dr Lassina Simporé
Assistant en archéologie à l’Université de Ouagadougou
Gestionnaire du patrimoine culturel immobilier (PCI)
Cher Wambi, comme dit le musicien, "ici au Faso la vie est dure". Mais on se débrouille. Cela est connu. On sait également que sous nos cieux, les gens préfèrent dire du mal de leur prochain plutôt que du bien. Mais voilà que je suis agréablement surpris de t’informer que j’ai aperçu, devant une alimentation à Ouaga, un septuagénaire retraité qui disait du bien du 35e anniversaire de l’Observateur Paalga et du ministre du Travail et de
Le septuagénaire, tout joyeux, prononçait des bénédictions pour le président, Blaise Compaoré, le Premier ministre, Tertius Zongo, le ministre du Travail et de
Après ces bénédictions du retraité, un de ses interlocuteurs a déclaré que si le gouvernement envisageait aussi un mois gratuit (13e mois) de salaire pour les fonctionnaires et invitait les entreprises privées qui peuvent en faire de même à le faire, ce serait faire du bien aux salariés à défaut d’une augmentation de salaire par ces temps de vie chère.
Le septuagénaire, après un sourire, a conclu ses propos, durant la période écoulée des festivités du 35e anniversaire de ton journal, dont il tenait en main un exemplaire en disant que Dieu bénisse l’Observateur Paalga et tout son personnel car ils ont tenu bon malgré les problèmes et les hostilités politiques qu’ils ont connus, pour continuer de bien informer les populations et de faire avancer la démocratie et la liberté de la presse dans notre pays. No comment !
Puissent Dieu et les ancêtres l’entendre, cher cousin, mais en attendant, voyons très rapidement ce que contient cette semaine le Carnet secret de Tipoko l’Intrigante.
Tout serait parti d’un professeur d’anglais, qui aurait demandé à ses collègues de français et de mathématiques de majorer des notes de filles en s’appuyant sur les signes distinctifs faits pour permettre de reconnaître leurs copies.
Lorsque des notes de "numéros de bus", c’est-à-dire des notes comprises entre 1 et 3/20, passent à 16 et 18, c’est tout simplement indécent et indigne de la part des enseignants qui sont coupables de cela. A partir d’une dénonciation, suivie d’un contrôle approfondi, la salle besogne a été mise au grand jour. La délibération a été reprise et l’affaire est devant le procureur.
Aux dernières nouvelles, au moins quatre enseignants de la zone de Fada seraient au frais, en attendant des enquêtes approfondies pour suite à donner à cette affaire. Demain nous en dira certainement plus sur ce problème.
Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé.
L’Observateur Paalga du 20 juin 2008
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