Saison des pluies au Burkina : Le cauchemar des Ouagalais
Saison des pluies au Burkina
Le cauchemar des Ouagalais
Circuler par temps de pluies dans les quartiers de Ouagadougou est un véritable calvaire pour les usagers de la route. Ils doivent slalomer entre les flaques d'eau et les multiples crevasses qui jonchent les rues. Chaque année, c'est le même scénario, les citoyens grognent et la mairie fait ce qu'elle peut. Ainsi va la vie à "Simonville" en ce mois d'août.
Il est 11h quand notre équipe entre à Dassasgo, quartier est de la ville de Ouagadougou. Objectif, faire des photos de la rue qui longe l'école Yaka et qui rejoint la Circulaire. Quelle ne fut notre surprise ! Les engins de la mairie nous y avaient devancé. La mare disparaît peu à peu sous les chargements de terre des camions. Un caterpillard nivelle la rue. Sous nos yeux , les usagers les plus téméraires inaugurent leur voie, jadis occupée par les eaux stagnantes.
Du côté de la rue Zindba, en face du SIAO, c'est un autre son de cloche. C'est une rue commerçante qui débouche sur l'entrée principale. A son intersection avec le boulevard Circulaire, une retenue d'eau. Ceux qui ont essayé de la traverser se sont retrouvés avec une bonne partie des pieds dans l'eau, ce qui les obligeait à descendre de leur monture. Certains véhicules y sont restés. Les usagers contournent désormais cette difficulté au grand dam des commerçants. Parmi ces derniers, Adama, tenancier d'un kiosque. Il se plein de la permanence de l'eau à cet endroit. Ses clients ne viennent plus parce que les chaises sont dans l'eau et le risque de se faire éclabousser est également permanent. Il ne comprend pas l'inaction des services municipaux : "Pour l'occupation de la voie publique, nous payons des taxes de 115 mille francs environ à la mairie. C'est parce qu'on vend qu'on peut payer les taxes. Il faut que les conseillers du quartier fassent quelque chose pour nous. On les a vus, et ils nous ont dit de donner une contribution, et que d'ici la semaine prochaine le problème serait résolu."
"Eau nauséabonde"
Le salon de coiffure qui fait face au kiosque est dans la même situation : les clientes de Maïmouna Ginko ont déserté les lieux parce qu'ils sont trop sales. Il arrive, selon elle, que l'eau stagnante dégage des odeurs nauséabondes.
Elle se dit prête à cotiser pour amener du sable, mais estime que vu l'ampleur des travaux à effectuer, leur contribution sera dérisoire.
Amidou Samboré est très remonté contre les autorités communales : "C'est parce qu'il n'y a pas quelqu'un d'important dans notre quartier que cette eau est toujours là. On est tous des Burkinabè et on travaille pour ce pays. L'accès à ce quartier est un problème public. Mais personne ne s'en soucie. Même nos conseillers, on ne les voit pas, pourtant c'est une voie qui est très fréquentée. On ne comprend pas que ce problème se trouve à la porte de la mairie de Bogodogo et personne ne bouge. On les a votés pour qu'ils améliorent notre cadre de vie. Si c'est leur réponse comme ça, on a compris."
Un peu excessif, peut-être, le point de vue de Samboré. Car d'autres artères de la ville, au même moment, sont en travaux. C'est le cas de la rue de Pissy dans le quartier du même nom, derrière le centre médical, où un bulldozer et un caterpillard sont en train de rendre la voie praticable.
Tout au long de l'avenue Babanguida, des ouvriers s'attellent également à déboucher les caniveaux pour permettre le ruissellement des eaux de pluie.
Du côté de Somgandé par contre, la principale voie d'accès à la cité est totalement dégradée, transformée en cours d'eau à chaque averse. Les services de la voirie sont interpellés, car trop peu visibles là où les citadins les attendent.
Abdoulaye TAO
Le Pays du 23 août 2007
Encadré
Propos de riverains
Adama (tenancier de kiosque) : "Depuis que l'eau stagne ici, je n'ai plus de clients. Les lieux sont sales et humides. Personne ne s'occupe vraiment de boucher ce trou d'eau. Pourtant on paye chaque année nos taxes pour l'occupation de la voie publique. C'est à la mairie de nous débarrasser de cette eau qui gêne la circulation et nos affaires".
Maïmouna Ginko (coiffeuse) : "Cette eau qui est là depuis le début de la saison nous gêne beaucoup. Nos clientes ont du mal à atteindre notre salon de coiffure, et elles vont ailleurs. En plus, on avait décidé l'année passée de cotiser pour boucher le trou, des gens ont disparu avec la somme collectée. Ce qui fait que les riverains ne sont pas chaud quand on parle de contribution. Pourtant la situation ne peut plus durer, nous avons besoin de travailler pour nourrir nos familles."
Amidou Samboré (riverain de la rue Zindba) : "Que le maire vienne voir dans quelles conditions ses administrés travaillent".
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