Seydou Zagré : maire de Koudougou : «Conciliateur oui, partisan non»
Seydou Zagré : maire de Koudougou
«Conciliateur oui, partisan non»
Au cours de la conférence de presse, Seydou Zagré a ouvertement été accusé de prendre fait et cause pour le camp des transporteurs. Le maire, que nous avons rencontré dans son bureau le dimanche 14 octobre, a accepté de s’entretenir avec nous sur le sujet.
Ayant été impliqué dans les négociations entre les responsables de la société civile et ceux des sociétés de transport, pouvez-vous nous dire à quel niveau se trouvent ces pourparlers ?
• Je dois, à la vérité, préciser que lorsque la question du prix du transport a été soulevée, j’étais à Dreux. C’est donc essentiellement avec mon 1er adjoint, ma 2e adjointe et le Secrétaire général que les contacts ont eu lieu afin que les sociétés de transport acceptent de ramener le prix du ticket Koudougou-Ouaga à 1500 F au lieu de 2000 F, même s’il faut préciser qu’avec les 2000 F, les voyageurs ne déboursaient pas d’argent supplémentaire s’ils embarquaient avec leurs engins. Avec les nouvelles tarifications, les transporteurs ont alors fixé des tarifs pour les engins, et c’est ce dernier aspect qui a constitué le problème quand je suis rentré de mission et que compte rendu m’a été fait.
Mais le fait est qu’avec ces taxes sur les engins, on a l’impression que c’est plutôt une augmentation qui a été faite car pour qui voyagerait désormais avec sa moto il lui faudrait payer 2500 F.
• C’est une question de chiffres. Celui qui voyageait avec sa mobylette pour Ouagadougou payait 2000 F. Aujourd’hui avec sa mobylette il doit payer 2500. Mais celui qui voyage sans moto paye 1500 F. Mais ce n’est pas à ce niveau-là qu’il y a problème. J’ai apprécié l’esprit de concertation qui a prévalu pour la diminution des prix des tickets. Maintenant les sociétés de transport traversent des difficultés. Elles étaient plus nombreuses et leurs cars étaient dans un état plus acceptable qu’actuellement. Cela est révélateur du fait qu’ils sont dans des difficultés économiques. Cela est aussi valable pour les citoyens et les usagers de ces sociétés, car nul n’ignore que financièrement ça ne va pas pour la majorité des Burkinabé. Je pense que c’est précisément pour ces raisons qu’il faut continuer à se parler et rester autour de la table de négociations. Car convenons ensemble que ça n’arrange personne que les dernières sociétés de transport de Koudougou disparaissent.
La marche puis le meeting des organisations de la société civile ont été interdits samedi dernier. Peut-on en savoir les raisons ?
• Il faut dire que les choses étaient très simples. Nous avons reçu une lettre du MBDHP, de l’USTB et de la Ligue des consommateurs au nom des organisations de la société civile (OSC) le 09 octobre qui nous informaient qu’ils organisaient une marche suivie d’un meeting le samedi 13 octobre à partir de 08h au théâtre populaire. Je les ai invités à venir me voir le lendemain 10 octobre et ils sont venus : MM. Dakio Kisito, Lalsaga Pierre et Bado Jean-Marie, respectivement du MBDHP, de l’USTB et de la Ligue des consommateurs. Je leur ai dit que je les remerciais pour le processus de dialogue qui a prévalu à la diminution des prix à 1500F. Pour la question des engins, je les invitais à surseoir à leur marche pour que nous restions autour de la logique des discussions et de la concertation .Je leur ai dit que je m’engageais à prendre langue avec les sociétés de transport pour qu'ensemble nous puissions nous asseoir et trouver une solution. J’ai proposé que le 11 octobre soit le lendemain matin à 10h ils reviennent et que je veillerais à ce que les uns et les autres soient là. Le lendemain j’avais des obligations à Ouaga et dès que j'en suis revenu je suis allé directement voir le 1er adjoint, qui avait été admis aux urgences à l’hôpital, avant de revenir ici à la mairie pour m'entendre dire que les responsables de la société civile ont attendu jusqu’à 11h et demie avant de partir, alors que moi à 10h 40 j’étais dans mon bureau.
Il faut préciser que quand les transporteurs sont arrivés pour la même rencontre et qu’ils ont vu ceux de l’autre camp, ils sont repartis disant qu’il est hors de question qu’ils s’asseyent sur la même table, car ceux d’en face les auraient vilipendés sur les ondes des radios. Ce n’est que le soir que le secrétaire général m’a informé qu’un communiqué radiodiffusé invitait la population à se retrouver au théâtre populaire le samedi pour protester .J’ai aussitôt appelé M. Dakio pour lui dire que je croyais que nous étions dans un processus de dialogue. J’ai tenu à l’informer que pour organiser une marche et un meeting ce n’est pas par la radio qu’il faut appeler la population. J’ai dit que s’ils persistent nous nous retrouverons sur le terrain et j’ai raccroché. J’ai pris les mesures que j’estime devoir prendre en pareille circonstance pour que l’illégalité ne se produise pas dans la commune de Koudougou.
C’est la veille au soir que j’ai repris contact encore avec M. Dakio après qu’il eut tenté de me joindre et dans nos échanges il m'a dit qu’ils allaient abandonner la marche et organiser un meeting au théâtre populaire. J’ai encore rappelé les dispositions réglementant ces manifestations et au demeurant je pense qu’ils ont compris et je les remercie pour cette sagesse-là.
Est-ce qu’il ne faut pas craindre que cela cristallise un peu plus les positions ?
• Si bras de fer il devait exister, il ne pourrait qu'être entre ses organisations et les sociétés de transport et non avec la mairie. Je continue à croire que la sagesse va prévaloir du côté des organisations de la société civile pour qu’elle nous laisse la possibilité d’entamer et de conclure des discussions avec les sociétés de transport pour voir ce qui peut être fait sur les prix des engins.
Les organisations de la société civile estiment que vous avez pris fait et cause pour les transporteurs. Qu’est-ce que cela vous inspire comme réponse ?
• En tant que maire, je suis attaché à ce que les sociétés de transport de Koudougou survivent aux difficultés actuelles. Et moi, je ne peux que me mettre au-dessus de la mêlée pour voir comment arbitrer de sorte que tout le monde trouve relativement son compte, puisque la mairie n’est pas propriétaire de société de transport. Mais elle est à la fois attachée à l’existence de ces sociétés de transport dans la ville et à ce que les prix permettent aux citoyens et aux citoyennes de Koudougou d’aller et venir dans de bonnes conditions. Donc je n’ai pas besoin de prendre fait et cause pour les transporteurs ou de prendre fait et cause pour les passagers en oubliant qu’en leur demandant trop on peux tuer toutes ces sociétés de transports
Propos recueillis par
Cyrille Zoma
L’Observateur Paalga du 17 octobre 2007
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