Tripatouillages constitutionnels : Boutef. aussi...
Tripatouillages constitutionnels
Boutef. aussi...
II y a deux catégories dans la galaxie des chefs d’Etat africains : ceux qui tripatouillent les constitutions et ceux qui fraudent aux élections. L’objectif final étant le même, donner de l’élasticité à un mandat à terme et se maintenir à la tête du pays.
Si les seconds ont toujours de beaux jours devant eux, la maturité politique des populations et le contexte mondial enjoignent à ces derniers de concéder un partage du pouvoir comme c’est le cas au Kenya, qui commence à faire des émules. Même s’il subsiste des îlots qui font preuve de vitalité démocratique dans cet océan de faux démocrates.
Mais, indéniablement, les premiers ont, pour le moment, trouvé la parade pour combler leur dur désir de durer dans les palais présidentiels tout en restant en osmose avec la mère des lois. Ainsi, en 1988, le Tunisien Zine el Abidine Ben Ali charcute la Constitution qui limite toute destinée présidentielle à trois quinquennats.
Quatre ans plus tard, cédant aux pressions inspirées du Rassemblement constitutionnel démocratique(RCD), le parti présidentiel, celui qui a renversé en 1987 le « combattant suprême » redonne un coup de scalpel à la constitution pour un quatrième mandat, suivi d’un cinquième en 2008.
Au Burkina Faso, Blaise Compaoré devait, si l’on s’en tient à l’esprit et à la lettre de la loi fondamentale de 1991, quitter le palais de Koulouba en 2005 au terme d’un double septennat.
Mais voilà, entre-temps, en 1997 et en 2000, l’article 37, relatif au mandat présidentiel, a été reprofilé et Blaise peut donc rester au palais de Kosyam jusqu’en 2015.
En décembre 2002, le défunt Gnassingbé Eyadéma charcute la Constitution du 14 octobre 1992 et donne une nouvelle acception à l’article 59, qui lui permet de rester indéfiniment à Lomé 2.
Pis, lorsqu’il meurt le 5 février 2005, les députés togolais, à coups de hache, tronçonnent les articles 55 et 144 de la constitution pour permettre au jeune Faure Gnassingbé de s’emparer du sceptre de son père au détriment du légataire constitutionnel, Fambéré Natchaba Ouattara.
Par la suite, tout s’est normalisé sous la pression internationale, et Faure joue depuis la carte de la démocratie à fond.
Enfin, on ne saurait oublier, ce serait commettre un crime de lèse doyen, Omar Bongo Ondimba du Gabon, dont les députés du Parti démocratique du Gabon (PDG) ont replâtré, en 1997, l’article 9 de la Constitution, lui ouvrant la voie à des mandats illimités, et troquant, au passage, le quinquennat contre un septennat.
De toute façon, le locataire du palais de bord de mer, face à la frénésie des prétendants, a fait savoir en octobre 2006 qu’il n’entend pas quitter ses fonctions de sitôt, puisqu’il compte succéder à lui-même en 2012.
Manifestement, Abdelaziz Bouteflika de l’Algérie veut, lui aussi, remettre le couvert en 2008, qui marque pourtant la dernière année de son deuxième et ultime mandat aux termes de la Constitution actuelle.
Sinon comment comprendre qu’il ait multiplié les salaires des députés par trois à l’orée de la fin du quinquennat ? N’est-ce pas parce que le sort du Texte fondamental, notamment son article 74, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, est lié à ces élus nationaux ?
Certes, Boutef. n’a jamais fait mystère de son hostilité à l’actuelle Constitution, concoctée en 1996 dans une Algérie en proie à une phobie sécuritaire, laquelle n’a jamais cessé, du reste, avec l’activisme violent des ex-djiaddistes. C’est vrai aussi qu’ il ne saurait ignorer les appels incessants du FLN, l’ex-parti unique, dont il est le président d’honneur, qui le supplie de rempiler en avril 2009.
Mais n’est-ce pas aller à la bonne école de l’heure que d’y accéder, surtout de la part de celui qui fut jadis un des meilleurs ministres des Affaires étrangères de l’Algérie et qui est également un bon chef d’Etat pour ce pays ?
Z. Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga du 23 septembre 2008
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