Zimbabwe : L'affreux Bob et les mauvais exemples
Zimbabwe
L'affreux Bob et les mauvais exemples
Robert Mugabe n’est vraiment pas commode. Après avoir refait le portrait à Morgan Tsvangirai, le plus illustre de ses opposants, il a lancé à tous ceux qui le défendaient d’aller se faire pendre. Georges Bush, Tony Blair et tous ces "droits-de-l’hommiste" qui s’émeuvent de la situation désastreuse du Zimbabwe savent désormais ce qu'il leur reste à faire. Et si d’aventure il leur manquait le prix de la corde, il pourrait toujours demander une subvention à l’ami Bob, qui se ferait sans doute le plaisir de la leur offrir.
Même si les diables ont droit, eux aussi, à des avocats, surtout eux, on devrait dire, il faut avouer que papy Bob, qui n’arrête pas d’aggraver son cas, n’est pas un client facile à défendre.
Voici un vieux monsieur qui fut un héros de la guerre d’indépendance de ce qui fut la Rhodésie du Sud, puis des premières années de l’accession à la souveraineté internationale, avant de se muer en parfait dictateur entraînant son pays dans une indicible banqueroute. En un mot, Bob le terrible s’assimile à un autiste pire qu’un Lansana Conté en Afrique de l’Ouest.
Mais tout despote qu’il est, le vieux Mugabe reste soutenu par une bonne partie des Africains qui, pour se faire entendre, font obstacle, depuis quelques années, à la tenue du sommet Afrique/UE. Et tandis que l’Europe refuse de voir, même en peinture, l’affreux Bob, ses pairs africains n’envisagent aucun rendez-vous sans le maître de «la Forteresse». Alors, s’il est vrai que les pires renégats peuvent trouver des gens pour les défendre, il faut dire qu’a l’opposé, les donneurs de leçons sont souvent ceux qui ont besoin d’en recevoir. Ainsi, les plus grands détracteurs du tyran d’Harare ont maintes fois démontré que les grands principes dont ils se drapent régulièrement sont, malheureusement, à géographie variable. De son vivant, Pinochet n’aurait pas dit le contraire, lui qui, du temps de sa gloire et se sachant protégé, multipliait crimes et exactions diverses au nom de sa croisade contre le communisme. Aujourd'hui, c'est au nom de la lutte contre le terrorisme que les donneurs de leçons bafouent royalement les droits de l'homme à Guantanamo, Khaboul et Bagdad.
Pauvre Zimbabwe ! s’il est vrai que les peuples ont souvent les dirigeants qu’ils méritent, on peut légitimement se demander ce que les habitants de «la Forteresse» ont pu faire pour mériter un despote tel que le terrible Bob ; car voila un pays promis à un bel avenir qui se retrouve prisonnier des crocs acérés d’un père de l’indépendance métamorphosé en redoutable prédateur, même si ses contempteurs sont aussi de mauvais exemples. Car quand on a envahi l'Irak sur la base de pieux mensonges et transformé le pays en un bourbier dont on ne sait pas comment se dépêtrer ; quand on soutient aveuglément Israël, coupable d'une occupation coloniale raciste en Palestine ; quand on divulgue le nom de ses propres agents... secrets, quelle leçon peut-on encore donner à quelqu'un ?
Rabi Mitibkèta
L’Observateur Paalga du 19 mars 2007
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